Cette fois-ci, nous sommes allés rencontrer des éleveurs proches de Bordeaux, plus précisément dans le Médoc.
En commençant par la pointe du Médoc, à Saint-Vivien-de-Médoc, où un éleveur a fait le choix de la biodiversité, en pratiquant la non sélection dans son troupeau.
On y retrouve un croisement de brebis de race Ile de France, Ouessant, Southdown, etc…
Ce brassage nous permet de retrouver une grande variété dans les toisons, dont certaines avec une certaine finesse du fait de l’apport de races descendantes du Mérinos.
Ce choix a été décidé pour renforcer la génétique de son troupeau qui passe l’année entière en extérieur, afin qu’il soit résistant. La vocation première de celui-ci étant l’entretien des marais ostréicoles.
Grâce à son troupeau, il assure ainsi un entretien annuel de ces immenses polders, tout en améliorant la qualité des sols. L’unique entretien mécanique consistant aux zones de refus (zones que les brebis ne pâturent pas, comme les ronces).
Nous descendons ensuite un peu plus bas, à Saint-Yzan de Médoc, pour rencontrer un viticulteur et éleveur de brebis basco-béarnaises et tarasconnaises.
La brebis basco-béarnaise est reconnaissable par son chanfrein busquée et ses cornes qui sont développées aussi bien chez le bélier que la brebis.
Elle porte une toison de laine dite mèche, c’est-à-dire que sa laine est plus composée de « cheveux » que de fibre laineuse. Cette laine mécheuse est aussi plus lisse et ne présente pas le même ressort que les autres laines, permettant d’obtenir un fil plus lustré avec du drapé.
La brebis tarasconnaise, qui est également une brebis des Pyrénées, présente au contraire un manteau de laine très court, recouvrant essentiellement le haut du corps.
Cette laine est fine et élastique, cela permet de créer un fil avec une certaine mémoire de forme.


Les conditions d’élevage diffèrent des précédents éleveurs rencontrés ; ici, les brebis restent une partie de l’année en bergerie (Novembre à Mars) pendant la période de l’agnelage, avant de repartir en prairie.
Ce choix est dicté par la non suffisance des terrains disponibles pour pratiquer une rotation efficace du pâturage, ainsi que la volonté de pouvoir surveiller les agneaux naissants.
Cependant, lors de notre échange, j’ai pu discuter des retours d’expérience des différents viticulteurs faisant pâturer leurs brebis landaises et l’impact positif qu’il en était ressorti.
Cet éleveur a commencé à réaliser des prestations d’écopaturage pour les vignobles aux alentours avec ses brebis. Pourquoi pas l’année prochaine dans son propre vignoble ?
La problématique qui est ressortie de ces rencontres est l’élimination de la laine et sa non valorisation.
En effet, depuis deux à trois ans, la laine n’est plus recueillie dans le circuit classique laissant les éleveurs avec cette matière première. Dans les années à venir, la règlementation vis à vis de l’élimination de la laine va se durcir, obligeant peut-être les éleveurs à devoir payer des services pour éliminer cette laine.
Ce projet que j’ai à cœur de construire est là pour résoudre cette problématique. Mon but est de vouloir redynamiser une filière laine, locale, permettant de traiter toutes les variétés de laine du territoire, qui sont naturellement délaissées par l’industrie, car la laine a encore beaucoup à nous offrir pour nous vêtir et répondre aux enjeux climatiques.